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Photo du rédacteurMagali Pignard

Critique par Yale du Cass Review : études de Chen et Tordoff

Dernière mise à jour : 12 oct.

  • Le Cass Review est un examen indépendant des services de genre pour mineurs en Angleterre. Soumis au système de santé public anglais en avril 2024, il a évalué de manière systématique les preuves existantes en la matière. Ses recommandations se basent sur le niveau de preuves trouvées et s'éloignent fortement de l'approche trans-affirmative recommandée par la ligne directrice la plus influente : celle de la WPATH 2022, qui a supprimé les preuves ne soutenant pas ses objectifs de recommander les interventions hormonales/chirurgicales au plus grand nombre.

  • La faculté de droits de Yale a critiqué le Cass Review dans un rapport non évalué par les pairs : An Evidence-Based Critique of the Cass Review, par McNamara et al., (disponible également ici).

  • Ce rapport est débunké par « DIAG : Democrats for an Informed Approach to Gender » : An evidence-based critique of "An Evidence-Based Critique of the Cass Review", qui examine les 2 études mises en avant dans le rapport de Yale : Chen et al., Tordoff et al..

→ Ci-dessous, quelques extraits traduits de l'article de DIAG, avec ajouts de titres

 

Sommaire

 

Ce qu'il faut retenir

  • Un nouveau rapport du projet Integrity à la faculté de droit de Yale critique entre autres la conclusion du Cass Review selon laquelle les preuves étayant les « soins d'affirmation de genre » sont faibles. Le Cass Review a mandaté l'Université de York pour entreprendre une série de revues systématiques indépendantes et évaluées par des pairs afin de mieux comprendre la base de preuves existante. Les revues systématiques sont considérées au sommet de la hiérarchie en médecine fondée sur des preuves. Les revues systématiques menées par l'Université de York ont examiné 237 articles provenant de 18 pays impliquant 113 269 enfants et adolescents.

  • Le rapport de Yale soutient que le Cass Review néglige les résultats positifs des soins d'affirmation de genre, tels qu'une satisfaction corporelle améliorée, une congruence de l'apparence, une qualité de vie, un fonctionnement psychosocial et une santé mentale améliorés, ainsi qu'une réduction de la suicidalité, en fournissant comme preuve deux études: Chen et al. (2023) (la « plus longue et plus grande étude à ce jour ») et Tordoff et al. (2022). Le rapport affirme également que les traitements hormonaux conduisent à une amélioration de la santé mentale en ciblant la congruence de l'apparence. Nous testons la validité de ces affirmations en examinant en détail ces études.

  • Chen et al. ont examiné le fonctionnement psychosocial des jeunes transgenres après deux ans de thérapie hormonale de sexe opposé. Cependant, l'étude n'a pas rapporté les résultats pour 6 des 8 résultats de mesure mentionnés dans son protocole. Les sujets de sexe masculins de l'étude n'ont pas connu d'amélioration de leur santé mentale, tandis que les femmes ont montré des améliorations négligeables, même si les deux groupes ont eu une amélioration significative de la congruence d'apparence (et 2 des sujets, tous ayant été examinés pour la présence de symptômes psychiatriques graves, se sont suicidés au cours de la première année de l'étude). Étant donné que de forts effets placebo sont courants avec la médecine psychothérapeutique, le manque d'amélioration soulève de sérieuses questions sur la médicalisation à l'aide d'hormones de sexe opposé, qui ont des effets à vie.

  • Tordoff et al. ont étudié les effets des hormones du sexe opposé sur la dépression et la suicidalité. Les lacunes significatives de l'étude incluent le fait que le groupe recevant les hormones n'a montré aucune amélioration du tout, et que le groupe témoin a eu une perte de suivi de 80 %. Ces défauts fondamentaux dans la conception de l'étude sapent la validité de ses conclusions.

  • Il est clairement évident qu'il n'y a pas de bonnes preuves pour promouvoir la médicalisation en utilisant des hormones du sexe opposé chez les enfants et les jeunes adultes souffrant de détresse liée au genre. Cela montre également le manque complet de processus scientifique dans le domaine des soins d'affirmation du genre. Il est impardonnable que des acteurs de mauvaise foi continuent de se livrer activement à de telles informations répréhensibles concernant des jeunes vulnérables, surtout après l'examen le plus complet des preuves à ce jour [Cass Review].

 

(...) Ceux qui recherchent une réfutation générale des diverses affirmations contenue dans le rapport de Yale peuvent consulter la série de questions fréquentes (FAQ) que le Dr Cass et son équipe continuent de mettre à jour sur leur site officiel pour répondre à la désinformation concernant le Cass Review. Parmi les questions auxquelles, on trouve :

  • Le Cass Review a-t-il fixé un seuil de preuve plus élevé que ce qui serait normalement attendu ?

  • Le Cass Review a-t-il rejeté des études qui n'étaient pas des essais contrôlés randomisés en double aveugle dans sa revue systématique des preuves concernant les bloqueurs de puberté et les hormones masculinisantes/féminisantes ?

  • Le Cass Review a-t-il rejeté 98 % des articles démontrant les bénéfices des soins affirmatifs ? (...)

Arguments principaux du rapport de Yale

Dans cet article, je vais me concentrer sur l'une des principales plaintes de McNamara et al. : (en vert : citations du rapport de Yale)

« le Cass Review ne décrit pas les résultats positifs des traitements médicaux affirmant le genre pour les jeunes transgenres, y compris une satisfaction corporelle améliorée, une congruence de l'apparence, une qualité de vie, un fonctionnement psychosocial et une santé mentale, ainsi qu'une réduction de la suicidalité » (p. 10).

(...)

McNamara et al. réservent leur ire pour l'échec de Cass à examiner la recherche révolutionnaire – novatrice ? superlative ? la plus impressionnante ? – qui est menée aux États-Unis avec l'aide de dizaines de millions de dollars de subventions gouvernementales :

  1. « Des études très impactantes, telles que la plus longue et la plus grande étude à ce jour sur les traitements médicaux affirmant le genre chez les jeunes, n'ont reçu qu'une mention passagère [qui ne] parvient pas à prendre en compte les résultats essentiels de l'étude selon lesquels de tels traitements améliorent la santé mentale en ciblant la congruence de l'apparence ». (...)

    Toujours selon leurs mots : « ces traitements entraînent une amélioration de la santé mentale en ciblant la congruence de l'apparence ». Cela est important car de nombreux adolescents, en particulier ceux dont la détresse liée au genre n'a pas commencé tôt dans l'enfance, ont souvent un sentiment d'anxiété et de dépression qui est ensuite confirmé en ligne comme étant lié au genre. Si l'étude trouve réellement que ces traitements hormonaux mènent à une amélioration de la santé mentale, c'est une bonne nouvelle.


    Cette étude est écrite par neuf auteurs (D. Chen, J. Berona, Y.M. Chan, D. Ehrensaft, R. Garofalo, M.A. Hidalgo, S.M. Rosenthal, A.C. Tishelman et J. Olson-Kennedy), est intitulée « Psychosocial Functioning in Transgender Youth after 2 Years of Hormones », et a été publiée dans le New England Journal of Medicine en janvier 2023. (Johanna Olson-Kennedy, l'une des co-auteurs de cette étude, est également l'une des co-auteurs du rapport de la factulté de droit de Yale).


  2. McNamara et al. expriment également leur mécontentement face à la critique du Cass Review concernant une autre étude américaine, Tordoff et al.. : « cette étude a été exclue [de la synthèse de la revue systématique sur les hormones sexuelles croisées commandée par le Cass Review], car elle a un faible score sur l'échelle Newcastle-Ottawa [échelle utilisée par les auteurs pour évaluer la qualité des études]. Cependant, cette étude montre des réductions statistiquement significatives de la dépression et de la suicidalité ».


En dehors de cela, McNamara et al. ne citent que ces deux études comme ayant été sous-estimées par le Cass Review, malgré leur démonstration des bénéfices des hormones de sexe opposé. L'équipe de l'Université York a examiné d'autres études mentionnées par le groupe de la faculté de Yale mais les preuves de celles-ci ont été jugées de qualité (principalement) faible.


Preuves existantes dans ce domaine

(...) Une revue systématique considère l'ensemble des preuves de toutes les études – les bonnes et les moins bonnes – en accordant plus de crédibilité aux résultats des premières qu'à ceux des secondes, afin de déterminer ce que nous savons réellement. C'est précisément la raison pour laquelle elles sont considérées comme étant au sommet de la « pyramide des preuves ».

Pyramide des preuves, transidentité, transition mineurs, dysphorie de genre

En examinant l'ensemble des preuves, Dr. Cass a trouvé que celles-ci étaient « remarquablement faibles » (p. 13). Elle a également déclaré à la BBC que : « Les adultes qui propagent délibérément des informations erronées sur ce sujet mettent les jeunes en danger, et à mon avis, cela est impardonnable. » Dr. Cass a conclu dans son rapport final qu'il est essentiel de se prémunir contre l'« invasion d'approches non prouvées dans la pratique clinique » (page 45, point 168). Comme l'a souligné The Economist, cela est difficile dans un environnement politisé, et cela sera encore « plus difficile dans les systèmes de santé où les médecins privés sont payés pour chaque intervention, étant ainsi incités à donner aux patients ce qu'ils demandent [bonjour, États-Unis !]. Néanmoins, il est de la responsabilité des autorités médicales d'offrir des traitements basés sur des preuves solides ».


Examinons maintenant ces deux études qui montrent apparemment tous les avantages des hormones de sexe opposé, y compris « une satisfaction corporelle améliorée, une congruence de l'apparence, une qualité de vie, un fonctionnement psychosocial et une santé mentale améliorés, ainsi qu'une réduction de la suicidalité ».


Étude de Chen et al., 2023

La majorité des variables mesurées n'ont pas été rapportées dans l'article de l'étude

Chen et al. n'ont pas rapporté les résultats pour 6 des 8 critères de mesure (surlignés en jaune) – dysphorie de genre, symptômes traumatiques, automutilation, suicidalité, estime corporelle, qualité de vie, dépression, anxiété – qu'ils avaient annoncés dans leur protocole d'étude.

L'un des objectifs d'avoir un protocole d'étude enregistré est de vérifier si l'équipe de recherche a présenté ce qu'elle avait prévu d'examiner au début de son étude ou si elle a plutôt pratiqué le HARKing (Hypothétiser après que les résultats soient connus). (...)


Le protocole de l'étude est disponible tout en bas de l'article de l'étude :

Vous pouvez cliquer sur le protocole, ainsi que l'annexe supplémentaire. Il sera utile plus tard.


Puisqu'une image vaut 1 000 mots : dans sa longue critique de l'étude (traduit en français : p. 11), le journaliste Jesse Singal a retravaillé un tableau de l'annexe supplémentaire (p. 14/30) afin d'illustrer à quoi leurs résultats auraient dû ressembler (Je parlerai de la colonne de droite - la taille de l'effet - plus tard).

L'image ci-dessous, également tirée du post de Singal (traduit en français : p. 12), est une capture d'écran du protocole (page 45/130).

  • La colonne de gauche montre toutes les variables mesurées par l'équipe de recherche tout au long de l'étude - au début puis à 6, 12, 18 et 24 mois.

  • La colonne de droite montre les mesures utilisées pour quantifier les résultats.

Sur les plus de deux douzaines de variables mesurées, les chercheurs ne rapportent que cinq : celles surlignées en jaune.

Ainsi, même avant d'entrer dans les résultats de la recherche, il y a donc deux énormes signaux d'alerte :

Abandonner 75 % des variables que les chercheurs ont déclaré qu'ils mesureraient ; mesurer autre chose et insister ensuite sur le fait que c'est ce qu'ils essayaient de mesurer, de toute façon, et rapporter les résultats d'une petite fraction des variables mesurées.


[Concernant les hypothèses formulées par les auteurs, Singal explique que : « les chercheurs ont simplement exclu 6 des 8 variables clés dont ils avaient émis l’hypothèse qu’elles s’amélioreraient sous l’effet des hormones, et qu’ils ont modifié leur hypothèse de manière significative, de sorte que certaines de ces variables ont été mises à l’écart ».]


Résultats des variables rapportées dans l'article publié

Jeunes de sexe masculin (homme vers femme)

Pour les hommes qui ont reçu des hormones du sexe opposé - de l'œstrogène - il n'y a eu aucune amélioration de la dépression, des symptômes d'anxiété ou des scores de satisfaction de vie. L'œstrogène n'a pas changé leur affect positif non plus (et ceci est vrai pour les deux sexes). En fait, à part la congruence de l'apparence - c'est-à-dire dans quelle mesure l'apparence d'un participant reflétait leur idée de ce à quoi ils devraient ressembler en tant que sexe opposé - l'œstrogène n'a rien fait du tout pour les hommes. Les auteurs le déclarent clairement dans l'article lui-même :

« Les scores de dépression et d'anxiété ont diminué chez les jeunes de sexe féminin mais pas chez ceux de sexe masculin. De même, les scores T de satisfaction de vie ont augmenté chez les jeunes de sexe féminin, mais pas chez ceux de sexe masculin (Fig. S3). »


On aurait pensé qu'un résultat aussi significatif aurait été mentionné dans le résumé de l'article (ce que la plupart des gens liraient, le cas échéant), mais les auteurs essaient plutôt de cacher ces résultats inconfortables. Ils émettent l'hypothèse que l'absence d'amélioration peut être due au long délai avant que les changements dans l'apparence physique des garçons ne produisent pleinement leur effet : « les changements phénotypiques médiés par l'estrogène peuvent prendre entre 2 et 5 ans pour atteindre leur effet maximal ».

Malheureusement pour eux, leur hypothèse est explicitement réfutée par leurs propres données : les sujets masculins vers féminins ont connu une amélioration significative en termes de « congruence de l'apparence » - en fait, tout comme les filles (voir l'annexe supplémentaire p. 25) :

Focus insistant de l'étude sur la congruence de lapparence

Ayant abandonné 6 des 8 résultats de mesure de leur protocole d'étude, les auteurs font tout un plat sur le fait que cette congruence de l'apparence est, après tout, le résultat principal. [Cette variable ne figurait pas dans l'hypothèse de départ].

C'est également ce qui ressort du rapport de Yale où ils déclarent (p. 30/39) : « Cela [c'est-à-dire le résumé des conclusions du Cass Review] ne parvient pas à engager les résultats clés de l'étude selon lesquels de tels traitements mènent à une amélioration de la santé mentale en ciblant la congruence de l'apparence ».


Si ces hormones ciblent l'apparence de votre corps, c'est le minimum que vous puissiez attendre d'elles : changer votre apparence ! Mais, plus significativement, si, après ces changements considérables de l'apparence de leur corps, il n'y avait aucun changement dans les scores de dépression, d'anxiété ou de satisfaction de vie des garçons, alors à quoi bon toutes ces interventions ?


Jeunes de sexe féminin (femme vers homme)

Considérez le graphe le plus flatteur pour les résultats que Chen et al. voudraient présenter (S3-D annexe supplémentaire, p. 25), qui montre les scores de dépression allant du début jusqu'à 24 mois sous hormones du sexe opposé :

La ligne orange (score moyen de dépression pour les hommes) ne montre aucun changement – les auteurs vous l'ont déjà dit.

La ligne bleue (pour les femmes) diminue quelque peu. Ces lignes représentent les scores moyens de dépression de la cohorte sous hormones sur l'échelle Beck Depression Inventory-II. Les scores sur cette échelle vont de 0 à 63 :

  • des scores de 11-16 signifient une légère perturbation de l'humeur,

  • 17-20 une dépression borderline,

  • 21-30 une dépression modérée,

  • 31-40 une dépression sévère,

  • supérieurs à 40 signifient une dépression extrême.


Le score moyen de dépression au début pour les filles est juste au-dessus de 15 : ces filles avaient au départ des perturbations légères de l'humeur. (...) En commençant avec un score moyen de dépression de 15, ces scores pour les filles, après deux ans sous hormones du sexe opposé, se sont situés entre 12 et 13 (les chiffres exacts ne sont pas disponibles puisque les statistiques descriptives – le tableau S6, par exemple – ne décomposent pas les résultats par sexe).


Autrement dit :

les filles avaient – en moyenne – des perturbations légères de l'humeur au départ, et... elles avaient toujours des perturbations légères de l'humeur après deux ans sous hormones du sexe opposé.

Rappelez-vous l'affirmation de McNamara et al. selon laquelle « de tels traitements entraînent une amélioration de la santé mentale en ciblant la congruence de l'apparence ? » Nous avons la congruence de l'apparence – à foison – mais où se trouve exactement l'amélioration de la santé mentale pour ces enfants ?

Taille d'effet

Ne vous fiez pas seulement à ma parole. Regardez la « taille de l'effet » de ces scores (la colonne de droite de la figure S5 à la page 14 de l'annexe supplémentaire).

Tableau de l'annexe supplémentaire (p. 14/30), Chen et al., 2023

La taille de l'effet nous indique si les changements dans les données sont pratiquement significatifs. (Pour comprendre pourquoi la taille de l'effet est importante, consultez l'article Using Effect Size—or Why the P Value Is Not Enough : « Avec un échantillon suffisamment grand, un test statistique montrera presque toujours une différence significative, à moins qu'il n'y ait pas d'effet… de très petites différences, même si elles sont [statistiquement] significatives, sont souvent insignifiantes. » C'est là que la taille de l'effet entre en jeu – elle nous indique si cette différence a une signification pratique.)

Comme le mentionnent Chen et al. dans la note sous le tableau S5, les tailles d'effet entre 0,2 et 0,5 sont considérées comme petites – et à part la congruence de l'apparence, les tailles d'effet de toutes les autres variables sont petites (et l'affect positif, comme je l'ai mentionné précédemment, n'est même pas statistiquement significatif – pour aucun des sexes).


Cependant, comme tout statisticien expérimenté le sait, tout n'est pas capturé par les chiffres. Le contexte est important. Encore plus avec les variables de résultats rapportées par les patients. Ce contexte est détaillé dans un post exhaustif sur Reddit concernant l'article de Chen (ainsi que celui de Tordoff). L'auteur est un psychiatre pour enfants et adolescents avec de nombreuses années d'expérience. Comme mentionné dans son post, le manque d'amélioration (chez les garçons), compte tenu du changement énorme dans les scores de congruence de l'apparence, est extrêmement problématique : « Si un changement de 3 [neutre] sur 5 à 4 [positif] sur 5 n'est pas suffisant pour changer l'anxiété et la dépression de quelqu'un, cela pose problème à la fois parce que le dernier point sur l'échelle peut ne pas faire de différence et parce qu'il peut ne pas être atteignable ».

Amélioration de la dépression chez les filles, moins fort qu'un effet placebo ?

Que dire des résultats chez les filles ? Eh bien, voici un élément important : les effets placebo en médecine psychiatrique ont régulièrement été très forts. L'auteur du post Reddit donne deux exemples de ces forts effets placebo en médecine psychiatrique :

  • « Dans les essais cliniques originaux pour Trintellix, une échelle appelée MADRS a été utilisée pour la dépression, qui est notée sur 60 points, et la plupart des patients inscrits avaient un score moyen de dépression de 31 à 34. Le placebo a réduit ce score de 10,8 à 14,5 points en 8 semaines (voir le tableau 4, page 21 du label de la FDA).

  • Pour Auvelity, un autre nouvel antidépresseur, la dépression du groupe placebo sur la même échelle est tombée de 33,2 à 21,1 [un changement de 12,1 points] après 6 semaines (voir la figure 3 p. 21 du label de la FDA).


Comparés à ces changements à deux chiffres régulièrement observés avec les placebos, les changements dans les scores de dépression (2 points de changement sur une échelle de 64 points) après deux ans de thérapie hormonale de sexe opposé chez les filles sont minimes – statistiquement significatifs peut-être, mais cliniquement insignifiants. (...)


Plus alarmant encore, les améliorations minimes soulèvent des questions plus inconfortables : si de forts effets placebo sont routiniers en médecine psychiatrique, pourquoi observons-nous si peu de différences après des hormones de sexe opposé ? Ces hormones ont-elles nui à la santé psychiatrique des enfants, et aurions-nous vu des améliorations plus importantes si les enfants n'avaient pas été soumis aux hormones du tout ? Malheureusement, nous ne pouvons pas répondre à de telles questions, même à partir de « l'étude la plus longue et la plus vaste », car il n'y a pas de groupe témoin. (...)

Éligibilité des jeunes par rapport aux troubles psychologiques

Il est également pertinent de mentionner ici que Chen et al. ont évalué les enfants éligibles pour les hormones du sexe opposé (voir le protocole de l'étude pour les détails)

Il s'agissait généralement d'enfants qui avaient été préalablement évalués pour s'assurer que ceux souffrant de troubles psychologiques graves étaient exclus. Ils étaient pris en charge par des équipes multidisciplinaires dans les quatre meilleures cliniques pédiatriques spécialisées en genre du pays. Malgré cela, ils ont fini par avoir deux suicides parmi les 315 enfants dans les 12 premiers mois (et près d'un tiers de leurs participants avaient abandonné l'étude après les 24 mois de suivi pour des raisons inconnues, malgré l'attention et le soutien conséquents reçus par ces enfants : Tableau S2 à la page 10/30 de l'annexe supplémentaire). Ce taux de suicide est plus de 24 fois plus élevé que ce qui a été observé chez les enfants de la clinique NHS GIDS, qu'ils reçoivent des hormones ou soient sur liste d'attente. Les dernières données du NHS Angleterre publiées en juillet 2024 montrent un total de 12 suicides en 6 ans parmi tous les enfants en Angleterre ayant été orientés vers les cliniques du NHS. (...)


Résumons ce que nous savons sur cette étude

  • Parmi les affirmations de McNamara et al. - « amélioration de la satisfaction corporelle, de la congruence de l'apparence, de la qualité de vie, du fonctionnement psychosocial et de la santé mentale, ainsi que la réduction de la propension au suicide » - nous constatons la congruence de l'apparence.

  • Mais il n'y a pas de preuve réelle d'une amélioration de la satisfaction corporelle (à moins de faire le saut infondé selon lequel la congruence de l'apparence conduit à la satisfaction corporelle).

  • La qualité de vie [variable dont les auteurs avaient prédit une amélioration] n'a pas été rapportée (ceci est distinct de la satisfaction de vie, et les changements étaient à nouveau pratiquement inexistants, et - pour rappeler une fois de plus aux lecteurs - les garçons n'ont montré aucun changement).

  • Quant aux autres variables, comme le montrent les autres graphes de la page 25/30 (et les données du Tableau S5 de la page 14/30) de l'annexe supplémentaire, il n'y a pas de changement significatif : S3-B montre les scores d'affect positif, S3-C montre les scores de satisfaction de vie et S3-E montre les scores d'anxiété sur la période de 24 mois (voir graphes ci-dessous).

  • Enfin, la « réduction de la suicidalité » n'a pas été abordée par Chen et al., 2023 - même si dans le protocole ils avaient inclus « suicidalité » comme l'un des résultats qu'ils mesureraient (j'imagine que cela pourrait avoir posé problème après ces deux suicides). Alors, où la réduction de la suicidalité est-elle mesurée ? Eh bien, chez Tordoff et al., 2022.


Étude de Tordoff et al., 2022

Pour un synopsis, je laisserai de nouveau le soin à l'auteur du post sur Reddit de décrire ses problèmes fondamentaux (c'est pourquoi elle a été si mal notée par l'examen Cass, quelque chose que McNamara et al. ont apparemment échoué à comprendre) : « Ce document est largement cité comme preuve en faveur des THS [hormones d'affirmation de genre], mais le problème est que le groupe traité n'a en fait pas obtenu d'amélioration. Les auteurs avancent un argument statistique qui repose sur la détérioration du groupe sans traitement. Cela serait déjà assez grave en soi, mais le problème plus profond est que l'aggravation apparente du groupe non-THS peut s'expliquer par des effets de désistement. Il y avait 35 adolescents n'ayant pas pris de THS à la fin de l'étude, mais seuls 7 ont terminé l'échelle de dépression finale ». Dit plus simplement, sur le groupe n'ayant pas pris d'hormones, 8 sur 10 n'étaient plus mesurés à la fin de l'étude et les conclusions sur le groupe ont été faites sur la base des 2 restants.


Pour citer Abbruzzese et al. (2023), « La manipulation de Tordoff et al. (2022) est spectaculaire ». Comme ils l'ont souligné, l'explication du rasoir d'Occam [lorsqu’il y a plusieurs hypothèses en compétition, il vaut mieux prendre les moins « coûteuses » cognitivement] est que ces enfants ont commencé à se sentir mieux et ont arrêté de venir à la clinique et que les jeunes non traités les plus fonctionnels ont simplement abandonné l'étude - cependant, c'est quelque chose que nous ne saurons jamais avec certitude car Diana Tordoff et ses co-auteurs ne les ont jamais recontactés.

Si l'explication du rasoir d'Occam est correcte, la conclusion que nous pouvons tirer est que, pour une très grande majorité d'enfants souffrant de dysphorie de genre et vivant dans des foyers aimants, la meilleure option serait de ne pas intervenir et de les laisser simplement évoluer, afin qu'ils puissent s'habituer à l'adolescence, aux émotions complexes de cette période et à la découverte de leur propre sexualité.

(...)


ML, de Democrats for an Informed Approach to Gender, est né et a grandi en Inde. ML est venu aux États-Unis pour un doctorat et est devenu académique d'une manière ou d'une autre. Lorsque son fils a décidé de s'identifier comme une femme lesbienne transgenre à l'âge de 20 ans après avoir été rejeté (selon lui) par 8/9 femmes depuis le lycée, il a décidé de se pencher sur la recherche.





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