Vrai ou faux ?
« La base de preuves est solide, la science est établie. »
Les gouvernements de Suède, Angleterre et Finlande ont commandé des revues systématiques* sur les effets des bloqueurs de puberté et hormones sexuelles croisées. Concernant les mineurs, elles concluent que la base de preuves est de faible qualité : cela signifie qu'il existe une incertitude quant à savoir si les bénéfices à long terme l'emportent sur les risques. En conséquence, ces pays ont revu le parcours de soins.
Une récente actualisation des revues systématiques anglaises par des chercheurs allemands (Zepf et al. 2024) conclut que :
« Concernant l’administration d'hormones sexuelles croisées, deux nouveaux articles [Grannis et al., 2021 ; Morningstar et al., 2023] avec un faible nombre de participants ont été trouvés, remplissant les critères PICO mais classés comme ayant une faible sécurité ou qualité clinico-scientifique selon les critères du système GRADE modifié, et n’ont pas apporté de nouvelles preuves solides. Les études actuellement disponibles sur l’administration de bloqueurs de puberté et d'hormones sexuelles croisées présentent des lacunes conceptuelles et méthodologiques significatives ».
*Une revue systématique analyse toutes les études disponibles qui répondent à des critères prédéfinis, et ce, de manière reproductible. Les revues systématiques examinent la méthode des études et leur fiabilité (risque de biais) en suivant un processus rigoureux et reproductible. C'est pourquoi elles se situent au sommet de la pyramide des preuves.
Qu'en dit le Cass Review ?
Le 10 avril 2024, l'examen indépendant des services de genre pour les mineurs en Angleterre (The Cass Review) a soumis au NHS England (système de santé) son rapport final.
Afin d’aider l’examen à déterminer l'approche clinique et les modèles de soins les plus appropriés, un programme de recherche indépendant a été commandé à l’université de York : une évaluation des preuves et des lignes directrices publiées, une enquête internationale et des recherches quantitatives et qualitatives.
Les conclusions de cette recherche sont détaillées dans le rapport final, appendice 2, p. 268 :
« Il n'a pas été identifié d'études de haute qualité utilisant une conception d'étude appropriée pour évaluer les résultats de la suppression de la puberté chez les adolescents présentant une dysphorie de genre ou d'incongruence. Il existe des preuves insuffisantes et/ou incohérentes concernant les effets de la suppression de la puberté sur la dysphorie de genre, la santé mentale et psychosociale, le développement cognitif, le risque cardio-métabolique et la fertilité. Il existe des preuves de qualité modérée et cohérentes, bien que principalement issues d'études pré-post, selon lesquelles la densité osseuse et la taille peuvent être compromises pendant le traitement.
Il y a un manque de recherche de haute qualité évaluant les résultats des hormones pour la masculinisation ou la féminisation chez ces adolescents et peu d'études réalisant un suivi à long terme. Il y a peu de preuves concernant la dysphorie de genre, la satisfaction corporelle, les résultats psychosociaux et cognitifs, et la fertilité. Il existe des preuves de qualité modérée, principalement issues d'études pré-post, selon lesquelles le traitement hormonal peut améliorer à court terme certains aspects de la santé mentale. Les preuves concernant l'effet des hormones sur la taille/croissance, la santé osseuse et les effets cardiométaboliques sont incohérentes. »
Le Dr Cass résume dans le rapport :
« La polarisation et l'étouffement du débat ne contribuent en rien à aider les jeunes pris au milieu d'un discours social agité, et à long terme, entraveront également la recherche. (…)
Il s'agit d'un domaine présentant des preuves remarquablement faibles, et pourtant les résultats des études sont exagérés ou déformés par des personnes de tous bords du débat (...)
La réalité est que nous n'avons aucune bonne preuve sur les résultats à long terme des interventions pour gérer la détresse liée au genre. » (p. 13)
Le point de vue d'auteurs des « normes de soins » de la WPATH
Pour rédiger ses standards (normes) de soins version 8 (publiées en septembre 2022), la WPATH a commandé à l'université Johns Hopkins diverses revues systématiques des preuves dans différents domaines.
Point de vue d'un des auteurs des normes de soins :
« Nos préoccupations, refletées par les avocats de la justice sociale avec lesquels nous avons parlé, sont que l'examen basé sur des preuves révèle peu ou pas de preuves et nous place dans une position intenable en termes d'influence sur la politique ou de victoire en justice ». (un des auteurs des normes de soins, cité dans le mémoire en défense dans un procès en Alabama, juin 2024, p. 37/52)
En mai et juin 2024, des échanges internes concernant l'élaboration de ces standards de soins ont révélé que la WPATH a empêché l'université Johns Hopkins de mener à terme le processus de publication des revues qui n'arrivaient pas aux conclusions souhaitées par la WPATH. Puis elle a publié ses normes de soins, dans lesquelles elle affirme qu'une revue systématique chez les mineurs est impossible (p. 53/321 des « standards de soins »).
Revue d'études longitudinales
Une revue d'études (McDeavitt, juin 2024) sur les interventions hormonales pour les enfants ayant une dysphorie de genre n'a pas trouvé d'amélioration cohérente de la santé mentale : cette revue visait à « caractériser les résultats des études de recherche clinique longitudinales ayant rapporté des résultats en matière de dépression et de tendances suicidaires ». Elle a examiné « 14 études de recherche clinique longitudinales ayant spécifiquement étudié les résultats de la dépression et/ou des tendances suicidaires ».
« Des résultats significativement positifs en matière de dépression ont été rapportés dans six études, et des résultats significativement positifs en matière de suicide dans deux études. Les résultats étaient négatifs dans la plus grande étude. Notamment, certaines études ont formulé des conclusions positives sur les interventions hormonales, même dans le cadre de résultats insignifiants, faibles ou négatifs.
L'analyse de la recherche clinique longitudinale dans ce domaine a montré des démonstrations incohérentes de bénéfices en ce qui concerne la dépression et les tendances suicidaires. Cette analyse suggère que, contrairement aux affirmations de certains experts et d'organisations médicales professionnelles nord-américaines, l'impact des interventions hormonales sur la dépression et les tendances suicidaires dans cette population est inconnu. »